28 avril 2015
Les inégalités existent depuis toujours et les causes sont multiples. Toutefois, les inégalités de revenus ont augmenté dans les pays développés depuis une trentaine d’années. Quelles sont les causes de cette évolution ? Est-ce que les sociétés sont impuissantes face à cette tendance?
Plusieurs développements récents ont radicalement reconfiguré l’économie mondiale. La déréglementation et l’accroissement et du commerce international ont ajouté des centaines de millions de travailleurs sur le marché du travail mondial. L’innovation technologique a également eu un impact important, avec l’adoption massive de l’ordinateur et l’internet au travail, ainsi que la robotisation de la production. Ces deux phénomènes ont eu pour effet de réduire le nombre d’emplois payants qui nécessitaient peu de qualifications (assembleur manufacturier, secrétaire), tout en offrant des salaires beaucoup plus importants pour les travailleurs très qualifiés, qui d’ailleurs, se marient plus souvent entre eux (médecins, cadres supérieurs).
De plus, la compétition entre pays pour attirer les compagnies et les investissements étrangers ont encouragé les gouvernements à baisser les impôts et à revoir à la baisse les politiques de redistribution de l’État-providence. Bien que leur ampleur ne fasse pas consensus, toutes ces transformations ont accru de façon importante les écarts de revenus pour la plupart des pays développés, comme l’illustre le graphique ci-dessous.
Tous les pays industrialisés ont subi les mêmes facteurs d’influence. Pourtant, le portrait des inégalités n’est pas le même au Canada, en Allemagne ou en Suède. Ces pays ont fait des choix différents, en fonction de leurs valeurs et de leurs priorités. Qui payera combien d’impôt, quel est le minimum auquel un citoyen a droit pour vivre décemment, à quel point la société tient à ne laisser personne derrière et comment donner une chance égale à chacun pour réussir sa vie.
Autrement dit, les institutions qui distribuent et redistribuent les revenus (programmes sociaux, services publics, politiques familiales, impôts progressifs, taux de syndicalisation, normes sociales, importance de la finance dans l’économie, rémunération des hauts dirigeants d’entreprises), relèvent de choix de société. Non, nous ne sommes pas impuissants.
Ce billet a d’abord été publié sur le blogue Le mirador des inégalités, de l’Institut du Nouveau Monde.